The Wind sings of a Journey
Aujourd'hui, je vais m'éloigner un peu des articles sur mes lectures et goûts musicaux pour parler un peu d'un jeu vidéo qui m'a probablement le plus occupé et des certains de ses prédécesseurs.
Mana mana, pa pa palala.
Il s'agit évidemment, vu le titre ci-dessus, de titres de la séries des ...of Mana (mais pas que). Celui qui va m'intéresser le plus ici est Legend of Mana, mais il sera aussi question de Secret of Mana et de 聖剣伝説3 (Seiken Densetsu 3) -- jamais publié hors du Japon -- et de Secret of Evermore, le petit cousin boudé à tort.
Pour commencer, un bref historique de la série : le premier titre sort en 1991, il s'agit de Seiken Densetsu: Final Fantasy Gaiden, sorti aux USA sous le titre Final Fantasy Adventure et plus tard en Europe sous le nom de Mystic Quest. Ce premier titre est en fait un spin-off de la série Final Fantasy et lancera la série Mana.
Le premier épisode est très proche de la série Final Fantasy mais dès le 2e épisode, les éléments caractéristiques des FF disparaissent et la série Mana devient une série à part entière. La série a évolué et contient de multiples jeux de genres différents (action, tactique, dungeon crawler...) avec le thème commun de l'Arbre Mana et des protagonistes qui le défendent contre ceux qui veulent s'emparer de son pouvoir.
Pour replacer tout cela dans un cadre plus personnel : Secret of Mana est un des premiers, si ce n'est le premier, RPG que j'ai possédé. A l'époque de sa sortie (fin Novembre 1994), j'étais parti une semaine chez un cousin en Allemagne pour pratiquer mon allemand (LV1 à l'époque). Doutant que mes parents me l'offriraient, j'avais profité que j'avais de l'argent de poche avec moi pour l'acheter, là-bas et le ramener en France. J'ai donc joué à Secret of Mana en allemand avec mon frère (qui avait 10 ans à l'époque) aidé par le guide fourni avec (en allemand aussi, surprise).
Au final, mon niveau était suffisant pour comprendre ce qui se disait et le medium faisait le reste. On a donc pu y jouer pendant des heures et des heures (et plus) pour tout faire, améliorer toutes les armes, monter les niveaux des trois personnages, monter les niveau de toutes les magies.
Et aujourd'hui, quand je regarde le jeu et que je m'y remets sur émulateur, je retrouve un peu de ce qui faisait son charme, mais avec le côté un peu étrange de jouer seul à un jeu auquel j'ai toujours joué à deux.
Plus tard (deux ans ? trois ans ?), dans une petite boutique de Saint-Malo qui a disparu depuis, nous avons acheté d'occasion Secret of Evermore. Evermore est un peu particulier : contrairement à tous les autres jeux de la série, il a été produit par la branche américaine de Square au lieu de la branche japonaise. Un des effets est que nombre de joueurs ont considéré que Evermore a été publié à la place de Seiken Densetsu 3, ce qui est faux ; le choix de ne pas traduire ce dernier a été prise indépendamment de la décision de produire Evermore. En outre, l'ambiance est assez originale dans Evermore : dans Secret of Mana, toute l'action se passe dans un monde, sur divers continents qui ont leur spécificités géographiques, mais dans Evermore, l'action se passe dans différentes époques, toutes très différentes : les jungles et marais paléolithiques, un Colisée et une pyramide antiques, un marché médiéval et un château abandonné, une base spatiale, tous inspiré des films de série B dont le protagoniste est fan.
L'ambiance et le gameplay sont assez différents : là où Secret avait une ambiance assez proche de la quête initiatique avec une galerie de personnages secondaires aidant le héros où une multitude d'adversaires aux objectifs divers, Evermore est à mon avis beaucoup plus oppressant, dans le sens où les interactions avec d'autres personnages sont assez limitées spatialement, et on est souvent (accompagné de son chien) seul face à la nature ou des ennemis. Côté gameplay, il y des points communs (en particulier la partie combat où l'on charge son arme), mais aussi de grandes différences, notamment pour la magie : dans Secret, il suffit d'avoir de la mana, d'aller dans le menu et de lancer le sort. Dans Evermore, il faut avoir les bons ingrédients nécessaires pour lancer son sort, c'est l'Alchimie. Et à certaines époques dans le jeu, certains ingrédients sont très faciles à acquérir, et à d'autres très rares, ce qui va fortement influencer les choix tactiques en combat.
De même que pour Secret, j'en garde un bon souvenir, mais on avait regretté à l'époque que le jeu ne soit pas jouable à deux, contrairement à Secret of Mana.
Bien plus tard, j'ai eu une PSX, et un jour je l'ai amenée à Paris, boulevard Voltaire, pour la faire pucer, ce qui m'a permis de jouer aux jeux gravés d'une part, mais surtout de jouer aux jeux importés, ce qui nous amène à un de mes jeux préférés toutes consoles confondues : Legend of Mana.
Legend of Mana n'a jamais été publié en Europe, et donc encore moins traduit. Il est sorti au Japon en 1999, puis aux USA en 2000. Je l'ai acheté du côté de République en import, et avec ma console pucée, j'ai pu y jouer, et y passer encore plus de temps que dans Secret of Mana.
Pourquoi autant de temps ? La première raison est purement esthétique : c'est un des plus beaux jeux en 2D qui ait été fait. Jugez plutôt.
Ensuite, la musique composée par Yoko Shimomura est magnifique.
Le jeu apporte de nombreuses innovations, et beaucoup tournent autour de l'Atelier : durant le jeu, différents personnages vont l'améliorer, en ajoutant une forge, un atelier de fabrication d'instruments (la magie dans Legend of Mana) et un atelier de création de golems (qui peuvent accompagner le protagoniste mais sont contrôlés par l'IA). Ces trois ateliers sont très riches, et les possibilités de customisations immenses. Et pour moi, la forge était une sorte de terrain de jeu formidable : à l'époque, la compréhension de la richesse du système était assez rudimentaire, basée sur des traductions du guide Ultimania en japonais et des expérimentations. sur le forum du jeu sur GameFaqs, je suis donc arrivé au moment où les grandes percées dans la compréhension sont arrivées, et j'avais découvert en même temps et indépendamment d'un autre joueur comment pousser les niveaux élémentaires des armes plus haut que ce qui se faisait alors. Et c'était génial ! C'était de la recherche expérimentale dans un jeu, à base d'hypothèse et de tests pour les confirmer. Depuis un simulateur a même été créé (car le code du jeu pour la forge est en très grande partie connu). Il y a aussi une étable, et il est possible de capturer de nombreux monstres dans le jeu (et certains demi-humains) pour les élever et les prendre comme compagnons (à la place d'un golem). Il y a même un verger pour y faire pousser ses fruits soi-même.
En terme d'histoire, Legend of Mana diffère également beaucoup des autres RPG car globalement, le protagoniste n'est pas le héros. Le protagoniste est le personnage secondaire des multiples histoires dont les personnages principaux sont accompagnés par nous. Il y a trois grandes histoires dans le jeu : les Jumis, Larc et Sierra, et Matilda et Irwin, et au sein des ces histoires, il y a des quêtes annexes. Autour des ces trois histoires, il y a aussi une multitude de petites histoires composées d'une ou plusieurs quêtes qui parfois se croisent (Niccolo, les jeunes magiciens Bud et Lisa, Gilbert, Rachel...). Au final, le protagoniste est un catalyseur de toutes ces histoires, au service de l'Arbre Mana (le protagoniste restaure les lieux du monde de Fa'Diel, dans le jeu en plaçant des artefacts sur la carte au départ vierge).
Bref, c'est beau, c'est riche, les personnages sont variés, avec des motivations nuancées (il n'y a pas de réel "méchant qui veut détruire le monde parce qu'il est méchant", tous les antagonistes ont leurs raisons, et on se trouve parfois à faire des choix difficiles, dont un entraîne la mort permanente d'un personnage), et je conseille à tout le monde de se le procurer et d'y jouer.
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